Qui produira ?
Vous aurez compris au fil des articles que nous faisons de l’honnêteté motre cheval de bataille. Alors,nous devons vous avouer que coudre nous-même les vêtements qui sont vendus sur ce site n’était pas forcément notre choix au départ, expliquons-nous…
Après avoir appris les bases de mon métier à Esmod, j’ai voulu parfaire mon apprentissage. Plutôt que de postuler auprès des créateurs ou des maisons de luxes j’ai voulu comprendre les rouages et enjeux financiers autour d’une collection de vêtements alors… rien de mieux qu’une centrale d’achat en grande distribution (ou grande diffusion, pour les puristes) pour faire ses armes.
Pour ceux qui ne le savent pas, la grande distribution ou encore le mass market en anglais, est un segment de marché très spécifique où la rentabilité prime. Dans l’article sur les tissus nous avions évoqués le marché économique de la mode en le segmentant en prêt-à-porter, haut de gamme et luxe, nous pouvons aussi y ajouter le mass market au premier rang en termes de volume de ventes et de masse de clients.
Dans les bureaux de stylisme des marques mass market, la maîtrise des coûts est au cœur du processus de création. Les vêtements sont la plupart du temps fabriqués à l’étranger et la tâche essentielle consiste à élaborer les vestiaires des prochaines saisons dans des maquettes de boutique en taille réelle. Puis d’en expliquer chaque détail à un fournisseur étranger qui aura la charge de faire les patronages, de trouver le tissu, de fabriquer les boutons, de monter des prototypes… jusqu’à ce qu’il vous livre le vêtement déjà emballé dans un plastique au nom de la marque avec le code barre qui servira à l’encaisser en boutique, c’est en quelque sorte un service clé en main.
Niveau organisation, c’est vraiment génial ! Si vous intéresse, laissez-moi un commentaire et nous en ferons un article.
Niveau créativité, c’est très technique et précis car chaque détail peut être décisif pour la marque, vous n’avez pas ou peu le droit à l’erreur. En tant que créatif, vous endossez la responsabilité de milliers de personnes qui travaillent pour le bon fonctionnement et l’organisation de la marque. Si vous vous trompez, vous risquez de mettre vos collaborateur en danger. Mais ce n’est pas l’objet de notre article…
Lorsque j’ai démissionné pour créer ma propre maison de mode, nous voulions dupliquer cette manière de créer. La première chose nous avons fait c’est de dessiner des dessins à plat et de faire des dossiers techniques en anglais pour nous rendre à Paris dans un salon international qui centralise les différents façonniers, j’ai nommé TexWorld !
Et là… alors que nous pensions avoir tout compris de la grande distribution, je ne m’étais pas rendu compte que les quantités minimum étaient aussi grandes, suivant le même principe que pour le tissu (si à cet instant vous ne comprenez pas de quoi nous parlons, je vous invite fortement à lire l’article sur le choix de nos tissus, puis revenir pour lire la suite)
Pour un fournisseur européen, les minimums de quantités démarrent à 200 pièces par couleur. Les fournisseurs français… les quantités sont bien trop élevées ! Pour une écrasante majorité, ils ne prendront pas la peine de vous répondre si vous n’êtes pas affilié à un grand groupe.
Imaginez si vous commandez un pantalon en 3 couleurs, vous achètes 600 pièces. Comment les vendre quand personne ne connaît votre marque ? Ceci explique pourquoi beaucoup de marques type « Ecole de Commerce » ferment leurs portes quelques saisons après leur lancement (nous ferons un article qui expliquera la différence entre une marque de créateurs et une marque de commerciaux).
Et puis niveau budget c’est insoutenable, dès la première saison vous devez mettre de très grosses sommes en jeu. Et l’expression n’est pas anodine, car il s’agit là bien d’un jeu… vous vendez > vous continuez, si ça n’est pas le cas > adviendra que pourra.
Impossible pour nous de nager dans ces eaux troubles car, en plus de notre crédibilités, nous y jouons nos carrières. Alors j’ai ressorti mes (vieux) livres de modélisme, acheté du tissu et commencé notre aventure très différemment. Rendez-vous à l’article « La coupe » pour en découvrir la suite…
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